Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/54

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le fut de plusieurs manières qu’il faut savoir distinguer et dont il faut essayer de mesurer l’importance relative.

Pour les uns la France se défendait, n’avait qu’à se défendre et ne devait songer qu’à se défendre, elle, son territoire et ses institutions.

Pour les autres elle faisait une guerre ou une suite de guerres qui, défensives en leur commencement, devenaient et devaient devenir conquérantes. Ce point de vue a été admirablement mis en lumière par Albert Sorel. Les chefs de la Révolution, suivant lui, ne sont pas autre chose que les continuateurs de la monarchie française, et le rêve de frontières élargies, de France dominant par tout pays de langue française et suzeraine de l’Italie, ils le reprennent et le réalisent en profitant des forces nouvelles que la secousse révolutionnaire leur a mises en main. Et il n’y a rien de plus juste que cette analyse.

Pour d’autres enfin, qu’il ne faut pas confondre avec les précédents, quoiqu’il soit bien clair que ces deux conceptions ont pu se mêler et s’entrelacer dans quelques esprits, pour d’autres, la pensée de l’ancienne monarchie est dépassée et une idée « impérialiste » est née, une idée essentiellement et éminemment impérialiste. Cette idée est celle-ci : les Français, par la Révolution qu’ils viennent de