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Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/57

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Révolution française la conquête des limites naturelles du peuple français ; le Premier Empire a été la continuation de la Révolution française même pour ceux qui avaient eu dans l’esprit « l’impérialisme de 1793 ». Au fond de cet impérialisme-là il y avait surtout l’idée de l’hégémonie française, et c’était cette hégémonie que Napoléon Ier fondait ; il y avait aussi l’idée de l’Europe réparée et refondue à l’imitation de la Déclaration des droits de l’homme, et c’est à quoi l’œuvre du Premier Empire répondait peu ; mais encore l’Empire remplaçâmes vieilles monarchies par des monarchies nouvelles avec monarques sans aïeux, et cela avait quelque chose de démocratique, et, s’il n’imposait aux Européens rien qui ressemblât à la Déclaration des droits de l’homme, il leur imposait le code civil, lequel contenait quelques principes de quasi-égalité ou de pseudo-égalité. C’était assez, le prestige de la gloire aidant, pour que le Premier Empire fit figure de continuateur de la Révolution dans des esprits qui ne se piquaient pas d’une très grande rigueur.

L’impérialisme français réduit à ces termes : hégémonie de la France, Europe modernisée à l’imitation de la France et pacifiée par la prépondérance de la France, a échauffé les têtes françaises de 1793 environ jusqu’en 1815 et y a laissé