Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des traces profondes depuis 1815 jusqu’en 1848.

Cependant, dès le lendemain même de la chute du Premier Empire, des traces de pacifisme et de propagande pacifique se laissent voir en France. Des sociétés des amis de la paix se forment dès 1816. Saint-Simon s’écrie en 1820 : « Plus d’honneurs pour les Alexandres ! Vivent les Archimèdes ! Plus d’honneurs pour les conquérants, pour les dévastateurs de l’espèce humaine ! Vivent ses bienfaiteurs, les savants et les travailleurs ! » — Auguste Comte rapporte ce propos qu’il a souvent entendu de la bouche de Saint-Simon : « Grâce au progrès des lumières et de la civilisation, ce qui passait autrefois pour rêve peut commencer à se réaliser. La guerre, le luxe, la misère, le pillage légal et organisé peuvent disparaître peu à peu ; on peut, par des moyens doux et faciles, établir la paix et l’aisance du plus grand nombre… » Après Saint-Simon la plupart de ses élèves, mais particulièrement Enfantin et Arles Dufour, poursuivirent la solution pacifique avec la plus grande persévérance[1]. Le 3 juin 1840, Arles Dufour écrivait au duc d’Orléans : « Monseigneur, vous m’avez accueilli avec tant de bienveillance, vous avez paru si bien sentir que je ne suis pas un solliciteur

  1. Voir une étude de E. Sakellaridès (documents inédits) dans le Siècle du 20 juin 1907.