Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/64

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Tout militarisme lui était donc odieux et excitait sa défiance.

Aussi demanda-t-elle avec obstination le désarmement, malgré Adolphe Thiers qui donnait de salutaires avertissements et malgré l’agrandissement foudroyant de la Prusse qui en était un autre et retentissant.

Elle n’obtint pas le désarmement, mais elle obtint que l’armée ne fût pas réorganisée et augmentée ; tout au moins, — car il serait injuste de faire porter cette responsabilité à une opposition qui comptait au plus quarante voix contre trois cents et qu’il était facile de ne pas écouter, — tout au moins elle contribua à ce résultat que le gouvernement d’alors mit peu de hâte à réaliser la réorganisation des forces militaires qu’il avait conçue.

Après 1870 la France, passant au rang de puissance de second ordre, ne pouvait plus guère nourrir de rêve impérialiste ; mais elle pouvait s’attacher énergiquement à une pensée de réparation et de relèvement. C’est ce qu’elle fit et avec une ardeur admirable pendant environ quinze ans.

Deux idées populaires régnèrent alors, sans rencontrer, en vérité, aucune contradiction : avoir une armée aussi forte, aussi entraînée et aussi bien outillée que les ressources du pays, non ménagées,