Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/65

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pourraient le permettre ; avoir, parce que « c’était l’instituteur allemand qui avait vaincu à Sedan », une armée d’instituteurs favorisés, soutenus, encouragés, traités comme les enfants chéris du pays, pour enseigner et inspirer le patriotisme aux générations nouvelles. Tel fut l’esprit public pendant environ quinze ans, peut-être un peu davantage.

Depuis dix-huit ou vingt ans les choses ont changé par suite de différentes causes. Une partie de la nation est restée patriote et par conséquent militariste ; une partie, plus grande, plus petite, il serait assez difficile de le déterminer, est devenue plus ou moins indifférente à l’idée de patrie et plus pu moins défiante à regard de l’armée ; j’entends par l’armée le corps des officiers, puisque le reste de l’armée est la nation elle-même passant sous les armes.

Les causes de ce changement me paraissent être celles-ci. C’est d’abord le temps qui passe. Sur une nation entêtée, comme l’Allemagne, et sur une nation frivole comme la France les effets d’une défaite sont exactement les mêmes, seulement ils ne sont pas les mêmes pour la même longueur de temps. L’Allemagne voudra toujours nous punir de la bataille d’Iéna et même de l’incendie du Palatinat ; en Allemagne on n’oublie point. En France,