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Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/76

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vité humaine sans la déchaîner en toute violence, et c’est ici de la combativité tempérée. Et s’ils voulaient dire que les luttes, non sanglantes, à moitié civiles, à moitié internationales, sont les moins mauvaises des luttes, ils auraient plus raison encore, parce que les luttes de ce genre, à force de passer et repasser sur les frontières, peuvent finir par les effacer. Or les luttes économiques ont précisément ce caractère d’être mixtes, d’être à moitié civiles, à moitié internationales.

Quoi qu’il en soit, l’instinct belliqueux ou plutôt l’habitude belliqueuse du genre humain est destinée probablement à trouver une matière suffisante dans la lutte économique et à s’y satisfaire et à abandonner les champs de bataille et les champs de meurtre proprement dits. Et ce sera, tout compte fait, un progrès. Ceci jusqu’à ce que l’instinct belliqueux s’étant usé à s’exercer dans ce nouveau domaine et étant devenu moins fort, on s’apercevra, comme nos amis socialistes le disent déjà, que la lutte économique elle-même est absurde et elle-même est meurtrière, et l’on abandonnera tout genre de lutte, en organisant un partage égal des biens de ce monde et en ne laissant à l’instinct combatif que de menues satisfactions d’amour-pcopre et de vanité, ce qui le réduira à