Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/77

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une manière de simple émulation enfantine, chose acceptable.

Voilà à peu près ce que nous avons à dire de la guerre impulsive, de la guerre qui résulte du simple besoin, factice selon nous, que l’homme a de porter des coups et de s’exposer à en recevoir.


Il y a d’autres genres de guerre, comme par exemple la guerre de pillage. La guerre de pillage est beaucoup plus raisonnable, si une guerre peut l’être, que la guerre impulsive: c’est, tout compte fait, une industrie. Deux peuples sont en présence, l’un industrieux, laborieux, inventif; il est industriel et agriculteur. Il est riche. L’autre n’aime ni cultiver la terre ni se livrer à l’industrie, il est pauvre. De temps en temps, pressé par la faim, il va faire une razzia sur le territoire du peuple agriculteur et industriel. Qu’est-ce à dire, sinon que l’un de ces peuples a une industrie et que l’autre en a une autre ? L’un des deux a pour industrie le labourage et la machine, l’autre a pour industrie la guerre. On ne peut même pas flétrir ce dernier des qualificatifs de sauvage et de paresseux ; car il faut un très haut degré de civilisation pour avoir un outillage de guerre décisif et il faut être très actif pour s’entraîner sans cesse et se maintenir à