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son âme n’ont aucun crédit sur lui et qu’il fait tout le contraire de ce qu’ils lui prescrivent. Et je regarde cette espèce d’ignorance, soit dans le corps de l’État, soit dans chaque citoyen, comme la plus funeste. Posons donc comme certain et incontestable qu’il ne faut donner aucune part dans le gouvernement aux citoyens atteints de cette ignorance… »

Une ignorance qui se complaît en elle-même, c’est la définition de la démocratie ; et une ignorance qui se défie de tout ce qui ne lui ressemble pas, et une ignorance qui se croit supérieure à tout ce qui ne lui ressemble point, et une ignorance qui s’admire, qui se cultive, qui se perfectionne et qui se répand ; car ceux qui auraient quelque tendance à y échapper y reviennent vite, ou ne la quittent point, en considération des grands avantages qu’elle procure et de la défaveur, de l’ostracisme qui frappe ce qui n’est pas elle.

Et c’est ainsi que la démocratie fait tache d’huile avec une si prodigieuse activité dès qu’elle naît et, non seulement s’empare du gouvernement, mais absorbe et corrompt l’État tout entier.

La marche est la suivante, ou du moins elle a été telle à Athènes et elle doit être à peu près la même partout : «… chacun se croyant capable de juger de tout, cela produisit un esprit général d’indé-