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qu’ils ne soient pas nommés formellement dans l’Apologie.

D’ailleurs sous ce nom vague « d’orateurs », les politiques étant nommés à part, il est assez difficile de ne pas comprendre les sophistes.

Je reconnais du reste que Socrate eut contre lui, comme l’Apologie l’indique assez, la coalition de tous ceux dont Socrate s’était moqué, c’est-à-dire de tout le monde ; mais précisément, et Platon l’indique, il avait raillé tout particulièrement les sophistes.

Toujours est-il que les sophistes, qu’ils aient contribué plus ou moins à la mort de Socrate, sont l’objet de la haine de Platon d’une façon toute singulière. Ce que Platon voit en eux de dangereux, c’est l’immoralisme déclaré, latent ou inconscient. Ils ne songent qu’à faire des hommes habiles par la parole, sans se soucier de l’objet auquel cette habileté de parole s’appliquera et du but qu’elle devra poursuivre, et il n’y a d’important que cet objet et que ce but. Il ne s agit pas de faire des hommes habiles à persuader, mais de faire des hommes habiles à persuader le bien. C’est à quoi les sophistes sont ou semblent absolument indifférents.

Ou ils sont immoralistes déclarés comme Thrasymaque et assurent que le juste et l’injuste n’exis-