Page:Faguet - Pour qu’on lise Platon, Boivin.djvu/77

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fléchir par des paroles flatteuses, et quand on les a offensés, on les apaise par des libations et des victimes »… Ils font accroire, non seulement à des particuliers, mais à des villes entières, qu’au moyen de victimes et de jeux on peut expier les fautes des vivants et des morts. Ils appellent Télétaï les sacrifices institués pour nous garantir des maux de l’autre vie, et ils prétendent que ceux qui négligent de sacrifier doivent s’attendre aux plus grands tourments dans les enfers. Or quelle impression de pareils discours sur la nature du vice et de la vertu et sur l’idée qu’en ont les dieux et les hommes feront-ils dans l’âme d’un jeune homme doué d’un beau naturel et d’un esprit capable de tirer les conséquences de ce qu’il entend, relativement à ce qu’il doit être ?… »

Oui, voilà une des causes profondes de la corruption des Grecs et particulièrement des Athéniens : leur religion et la façon dont ils l’entendent et la façon dont les prêtres la leur présentent et l’exploitent. Le cléricalisme mythologique, voilà un des ennemis.

Aussi bien, il y a bien des manières d’être impie, parmi lesquelles on en peut distinguer trois principales. La première est de ne pas croire aux dieux [ou à Dieu : j’ai dit que Platon admet continuellement cette synonymie]. — La seconde est de