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Page:Faguet - Propos littéraires, 1re série, 1902.djvu/13

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En sens inverse, l’immense majorité de la critique a été extrêmement froide pour la Loi de l’homme de M. Hervieu. Je crois avoir été à peu près le seul à la défendre. La Loi de l’homme a été un succès prolongé, non seulement à Paris, mais en province. — L’immense majorité de la critique, toute la critique, sauf Sarcey, a écrasé la Vie de Bohême à sa reprise, en 1897. La Vie de Bohême a seule soutenu le Théâtre français, très éprouvé dans le courant de cette campagne. Elle a fait salle comble pendant des mois entiers.

Je n’aurais qu’à chercher un peu pour multiplier à l’infini ces exemples. Tout homme au courant des choses de la littérature et du théâtre sait que l’influence de la critique, au point de vue du succès, est nulle. Il n’y a pas à s’en inquiéter. Elle est comme si elle n’était pas.

Pour mon compte, j’en suis enchanté. J’aurais des scrupules de conscience terribles si je croyais que je pusse avoir une influence sur le succès ou l’insuccès d’un ouvrage. Car, dans ce cas, je ferais un assez vilain métier. C’est le pain que j’ôterais de la bouche de l’auteur qui aurait eu le malheur de ne pas me plaire. Ce serait abominable.

Quelques auteurs croient qu’il en est ainsi. Un très célèbre auteur, peut-être sérieusement, m’écrit ces temps derniers : « Vous avez le droit de discuter mes idées, et je vous remercierais de le faire. Mais vous n’avez pas le droit de dire que je suis ennuyeux,