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Page:Fagus - Colloque sentimental entre Émile Zola et Fagus, 1898.djvu/92

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XCI

ENFANTILLAGE


La meute s’abattit avec des cris de mort
Autour de la voiture, et moi, dans un beau zèle,
Je me ruai parmi, bandant un gourdin fort,
À pourchasser une soulageante querelle…

Ah ! qu’en vain ! ces jappeurs ne savaient que japper :
Ils ont le courage très agile, et les jambes
Éloquentes ; pourtant, à force galoper,
Provoquant en passant — pour rien ! — leurs plus ingambes,

Je joignis presque l’auto qui vous emportait,
Criai : Courage ! et vive la littérature !
Malheur ! l’essoufflement étouffant m’arrêtait,
Et je voyais filer, se perdre la voiture !

J’ai suivi, tour à tour et courant et marchant,
Espérant — mais très fort ! — qu’au plus prochain village,
Le peuple-roi du lieu, en vous reconnaissant,
Vous fermerait héroïquement le passage !

Et moi j’arriverais, mon bâton dans mon poing
Et vous délivrerais, tout seul, des populaces…
Mais mon vœu batailleur ne réalisa point :
J’atteignis la rue de Bruxelles, tête basse,

Tout vexé, tout suant, tirant ma jambe lasse !


24 mai 1898.

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