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Page:Fagus - Colloque sentimental entre Émile Zola et Fagus, 1898.djvu/98

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Des peuples ! maintenant tu n’es que leur dégoût !
Et par vous ! vous avez étranglé Poésie,
Art, noblesse de cœur, tout, macheurs de gros sous.
Et piétiné dessus avecque frénésie ;
Tout élan, votre fange ignoble l’a dissous !
Vous avez promulgué, biffant toute l’histoire,
Que la Patrie est un enclos de tant d’arpents,
Une bureaucratie à même un territoire
Où patinent sans fin vos appétits rampants !
Eh bien, entendez-moi : s’il est une Patrie,
C’est nous qui la faisons, artistes et penseurs,
Et cette morte sainte, hélas par vous flétrie,
Sans nous, ses respectueux ensevelisseurs,
Vous, grouillements de vers, votre atroce besogne
En ferait une immonde et navrante charogne !

30 mai 98.