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Page:Fagus - La Danse macabre, 1920.djvu/20

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la danse macabre

Je ne servirai pas ! et ma propre clémence
Dans mon intelligence en deuil m’a foudroyé.

Oh, risée sombre où vont s’effondre nos ruées !
Ma frénésie embrassa le vide béant,
Mes deux bras se sont refermés sur des nuées,
Ma semence avait ensemencé le néant.

Ridicule vaincu j’ai roulé par l’espace,
M’accrochant aux nuées et passant au travers :
L’Autre entr’ouvrait sa main ! et depuis lors, je passe,
Emporté par l’orbe effaré des univers.

Et j’agonise et ne peux pas mourir ; pauvre être,
Dieu tronqué, dans l’abîme atone, fade et noir,
Je tourne, sans pouvoir m’absoudre et disparaître,
Le dernier cercle du suprême désespoir !

— Sombre histoire ! elle me fut tant de fois contée,
Et de tant de façons et depuis si longtemps,
Qu’il me semble (et peut-être est-ce la vérité !)
Que c’est déjà ma propre histoire que j’entends.

— Oui : c’est la révolte, a-t-on dit, des mauvais anges,
Et l’histoire en effet plus ou moins de nous tous :
Eh gai, roulons-nous donc en chœur dans notre fange,
Dansons, cabriolons, hurlons, trémoussons-nous :

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