Page:Falconnet - Petits poèmes grecs, Desrez, 1838.djvu/188

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Sicile dit que ce fut Hercule qui les institua : Eraclês o stratêgicos, sunestêsato ton Olumpicon agôna ; qu’il n’était pas fils d’Alcmène, mais Égyptien ou Crétois d’origine, et que la seule analogie du nom induit en erreur les historiens qui le disent le fils d’Alcmène : Tous de metagenesterous anthropous dia tên omônumian dokein, ton ex Alkmênês sustêsasthai tên tôn olumpiôn thesin. Pausanias est du même sentiment ; mais il le nomme Hercule Idéen : Eraklei oun prosesti tô Idaiô doxa tonté agôna diatheinai prôtô, kai Olumpia onoma thesthai. (Paus. in Æliac.) Cependant aucun de ces deux historiens ne nous dit d’une manière certaine ni en quel temps ni en quelle occasion il les institua. « Quant aux jeux olympiques, dit Pausanias, voici ce que j’en ai appris de quelques Éléens, qui m’ont paru fort profonds dans l’étude de l’antiquité. Selon eux, Saturne est le premier qui ait régné dans le ciel, et, dès l’âge d’or, il avait un temple à Olympie. Jupiter étant venu au monde, Rhéa, sa mère, en confia l’éducation aux Dactyles du mont Ida, autrement appelé Curètes. Ces Dactyles vinrent ensuite de Crète en Élide, car le mont Ida est en Crète. Ils étaient cinq frères, savoir : Hercule, Péonéüs, Épimède, Jasius et Ida. Hercule, comme l’aîné, proposa à ses frères de s’exercer à la course et de voir qui en remporterait le prix, c’est-à-dire une couronne d’olivier, car l’olivier était déjà si commun qu’ils en prenaient les feuilles pour en joncher la terre et pour dormir dessus. Hercule apporta le premier cette plante en Grèce, de chez les Hyperboréens.

» C’est donc Hercule Idéen qui a eu la gloire d’inventer ces jeux et qui les a nommés olympiques. Et parce qu’ils étaient cinq frères, il voulut que ces jeux fussent célébrés tous les cinq ans. Quelques-uns disent que Jupiter et Saturne combattirent ensemble à la lutte dans Olympie, et que l’empire du monde fut le prix de la victoire. D’autres prétendent que Jupiter ayant triomphé des Titans, institua lui-même ces jeux, où Apollon signala son adresse en remportant le prix de la course sur Mercure et celui du pugilat sur Mars. C’est pour cela, disent-ils, que ceux qui se distinguent au pentathle dansent au son des flûtes qui jouent des airs pythiens, parce que ces airs sont consacrés à Apollon, et que ce dieu a été couronné le premier aux jeux olympiques.

» Cinquante ans après le déluge de Deucalion, Clyménus, fils de Cardis et l’un des descendans d’Hercule Idéen, étant revenu de Crète, célébra ces jeux à Olympie ; ensuite il consacra un autel aux Curètes, et nommément à Hercule, sous le titre d’Hercule protecteur. Endymion chassa Clyménus de l’Élide, s’empara du royaume et le proposa à ses propres enfans pour prix de la course. Mais Pélops, qui vint environ trente ans après Endymion, fit représenter ces mêmes jeux en l’honneur de Jupiter, avec plus de pompe et d’appareil qu’aucun de ses prédécesseurs. Ses fils n’ayant pu se maintenir en Élide et s’étant répandus en divers lieux du Péloponèse, Amythaon, cousin germain d’Endymion, donna ces jeux au peuple. Après lui, Pélias et Nélée les donnèrent à frais communs. Augias les fit aussi célébrer, et ensuite Hercule, fils d’Amphytrion, lorsqu’il eut pris l’Élide. Le premier qu’il couronna fut Iolas, qui, pour remporter le prix de la course du char, avait emprunté les propres cavales d’Hercule. Les fils de Tyndare furent aussi victorieux : Castor à la course et Pollux au combat du ceste. On prétend même qu’Hercule eut le prix de la lutte et du pancrace.

» Mais, depuis Oxilus, qui ne négligea pas non plus ces spectacles, les jeux olympiques furent interrompus jusqu’à Iphitus, qui les rétablit. On en avait même presque perdu le souvenir ; peu à peu on se les rappela, et à mesure que l’on se souvenait de quelqu’un de ces jeux, on l’ajoutait à ceux que l’on avait déjà trouvés. Cela paraît manifeste par la suite des olympiades dont on a eu le soin de conserver la mémoire, car dès la première olympiade[1] on proposa un prix de la course, et ce fut Corœbus, Eléen, qui le remporta. »

Cependant le sentiment le plus accrédité parmi les savans est que la célébration des jeux olympiques ne présente de certitude historique qu’à dater de Pélops, fils de Tantale. Il les fit célébrer l’an du monde 2635, qui répond à la vingt-neuvième année du règne d’Acrise, roi d’Argos ; à la trente-quatrième du règne de Sicyon, dix-neuvième roi de Sicyone, et à la vingt-troisième année de la judicature de Débora chez les Hébreux, environ 1349 ans avant notre

  1. Dès la première olympiade. Non la première absolument parlant, mais la première qui se trouvait marquée dans les registres des Éléens et par laquelle on commença à compter les olympiades, l’an 776 avant J.-C. ; elle est appelée olympiade de Corœbus et eut lieu sous le règne d’Iphitus, fils d’Hæmon, comme nous le dirons plus loin.