Page:Falconnet - Petits poèmes grecs, Desrez, 1838.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ère. Ils furent tantôt célébrés, tantôt interrompus, jusqu’au règne d’Iphitus, roi d’Élide, qui les restaura avec beaucoup de pompe et de magnificence.

Les guerres intestines dont la Grèce était déchirée, la peste qui la désolait, conduisirent ce prince à Delphes pour consulter l’oracle sur des maux si pressans. La Pythie lui répondit que le renouvellement des jeux olympiques serait le salut de la Grèce, et qu’il y travaillât lui et les Éléens. Iphitus ordonna aussitôt un sacrifice pour apaiser Hercule, puis célébra les jeux avec grand appareil. Au rapport de plusieurs historiens, Lycurgue, qui était son contemporain, concourut avec lui à ce rétablissement, il est même assez probable que la première idée venait du législateur de Sparte. Ce grand homme voulant réformer les lois de sa patrie, comprit qu’il ne pourrait en venir à bout tant qu’elle serait en guerre avec ses voisins ; il chercha donc à rétablir la paix dans le Péloponèse. Il y parvint et imagina de la consolider en instituant, d’après les ordres qu’il s’était fait donner par l’oracle de Delphes, une fête commune à tous les peuples de cette contrée. Cette fête devant se célébrer tous les quatre ans, leur offrait un point de réunion où ils pouvaient conférer ensemble et s’expliquer sur les démêlés qui seraient survenus dans l’intervalle. Lycurgue se concerta pour tout cela avec Iphitus, roi d’Élide, et Cléosthène de Pise, ville dans le territoire de laquelle Olympie était située. Il traça lui-même, suivant Aristote, les lois de la suspension d’armes qu’on devait observer à l’époque de la célébration de ces jeux, et il les fit graver sur un disque qui se voyait encore à Olympie du temps de Pausanias. Cette restauration remonte à l’an 884 avant J.-C.

La paix que Lycurgue avait rétablie entre les peuples du Péloponèse subsista sans doute tant que ce sage législateur resta à Sparte, et il est probable que les jeux olympiques furent célébrés durant tout ce temps-là ; mais à peine eut-il remis au jeune roi Charilaüs, son pupille, l’autorité dont il était chargé, que les Lacédémoniens se livrèrent à leur humeur conquérante, en attaquant successivement Ægis, Tégée et différentes villes du Péloponèse. Tandis qu’ils étaient occupés à la guerre d’Ægis, Phidon, roi d’Argos, de concert avec les Piséates, s’empara d’Olympie et y fit célébrer les jeux en la huitième olympiade depuis Iphitus. Il y a apparence que cette célébration fut ensuite suspendue pendant quelque temps. Mais les Éléens, ayant repris Olympie avec le secours des Lacédémoniens, Iphitus, fils d’Hæmon et petit-fils du premier Iphitus, rétablit encore les jeux olympiques, un peu avant le commencement du siège de Thèbes, l’an 776 avant J.-C., et c’est décidément de cette année que date l’ère des olympiades. Le siége d’Hélos commença presque aussitôt après. Les Éléens, voulant par reconnaissance envoyer des troupes au secours des Lacédémoniens, consultèrent l’oracle de Delphes, qui leur ordonna de s’en tenir à la défense de leur territoire. Ils restèrent ensuite cinq olympiades sans couronner personne, quoique les jeux se célébrassent toujours, mais probablement sans beaucoup de solennité. Cependant, à l’approche de la septième olympiade, Iphitus, dont nous venons de parler, ou peut-être son fils, alla de nouveau consulter l’oracle pour savoir si l’on couronnerait les vainqueurs. Le dieu répondit que oui, mais qu’il fallait employer à cela l’olivier sauvage au lieu du pommier, dont on s’était précédemment servi. On suivit ses ordres, et le premier qui reçut la couronne d’olivier fut Daïclès, Messénien, qui remporta effectivement le prix en la septième olympiade, suivant Denys d’Halicarnasse. Ce fut seulement à l’époque de ce rétablissement des jeux olympiques par Iphitus, l’an 776 avant notre ère, que s’établit l’usage de conserver le nom du vainqueur, tout au moins de celui qui avait remporté le prix de la course, parce que ce genre de lutte tenait le premier rang parmi les autres combats du cirque. C’est aussi depuis lors que l’athlète couronné à la course eut le privilège de donner son nom à l’olympiade.

En la dix-huitième olympiade, on se ressouvint du combat de la lutte et même du pentathle ; ils furent renouvelés ; Lampis et Eurybates, tous deux Lacédémoniens, eurent l’honneur de la victoire.

Le combat du ceste fut remis en usage en la vingt-troisième olympiade ; Onomastus de Smyrne en remporta le prix ; Smyrne était déjà censée ville d’Ionie. La vingt-cinquième olympiade fut remarquable par le rétablissement de la course du char attelé de deux chevaux, et ce fut Pagondas, Thébain, qui eut la victoire. La vingt-huitième vit renouveler le combat du pancrace et la course avec des chevaux de selle. La cavale de Crauxidas, natif de Cranon, passa