Page:Falconnet - Petits poèmes grecs, Desrez, 1838.djvu/190

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

toutes les autres, et Lygdamis de Syracuse terrassa tous ceux qui combattirent contre lui.

Ensuite les Éléens établirent des combats pour les enfans, quoiqu’il n’y en eût encore eu aucun exemple dans l’antiquité. Ainsi, en la trente-septième olympiade, on proposa aux enfans des prix pour la course et pour la lutte. Hippostène, Lacédémonien, fut déclaré vainqueur à la lutte, et Polynice, Éléen, à la course. En la quarante-unième, les enfans furent admis au combat du ceste, et Philétas, Sybarite, surpassa tous les autres. La soixante-cinquième olympiade introduisit encore une nouveauté : des gens de pied, tout armés, disputèrent le prix de la course ; ils parurent dans la carrière avec leurs boucliers, et Démarat, d’Hérée, remporta la victoire. Cet exercice fut jugé très-convenable à des peuples belliqueux. En la quatre-vingt-treizième olympiade, on courut avec deux chevaux de main dans la carrière ; Évagoras, Éléen, fut vainqueur. En la quatre-vingt-dix-neuvième, on attela deux jeunes poulains à un char, et ce nouveau spectacle valut une couronne à Sybariade, Lacédémonien. Quelque temps après on institua la course avec deux poulains menés en main ; Bélistiche, femme née sur les côtes de la Macédoine, fut la première qui remporta le prix. Enfin, en la cent quarante-cinquième olympiade, les enfans furent aussi admis au combat du pancrace, et Phédime, Éolien, d’une ville de la Troade, demeura victorieux.

Les femmes d’abord n’étaient point admises aux jeux olympiques : il y avait peine de mort contre celles qui auraient osé s’y présenter, et pendant tout le temps que duraient les jeux, il leur était défendu même d’approcher des lieux où ils se célébraient et de passer au delà du fleuve Alphée. Une seule eut la hardiesse de violer cette loi, et, s’étant déguisée, se glissa parmi ceux qui exerçaient les athlètes. Elle fut citée en justice et aurait subi la peine marquée par la loi ; mais les juges, en faveur de son père, de ses frères et de son fils, qui avaient tous remporté la victoire aux jeux olympiques, lui pardonnèrent sa faute et lui firent grâce de la vie. La loi perdit cependant peu à peu de sa force, et les femmes obtinrent la faveur, non-seulement d’assister comme spectatrices, mais encore de prendre place parmi les concurrens ; quelquefois même elles remportèrent la victoire. C’est ce qu’atteste Pausanias, que nous venons de citer plus haut, au sujet de la victoire remportée par Bélistiche.

L’époque de la célébration revenait tous les cinq ans, ou plutôt tous les cinquante mois, c’est-à-dire deux mois après l’espace de quatre ans révolus ; c’est ce qui a fait dire à un scholiaste : Tên olumpiada dia penté etôn agesthai, et non pas meta pente etôn. Ils duraient cinq jours, en mémoire des cinq Dactyles leurs premiers fondateurs, et commençaient au onzième jour pour finir au quinzième du mois lunéaire hécatombéon, ce qui répond à nos mois de juin et de juillet, par conséquent aux environs du solstice d’été. Les citations suivantes en font foi : Olumpia d’egeneto tou therous toutou (Thucyd. liv. 5). Tyanée, dans Philostrate, ayant avancé que l’année où Néron visita la Grèce, le vainqueur des jeux olympiques ne pourrait point être appelé de ce nom, Philostrate nous en donne la raison : Patriou men gar tois olumpiois tou perusin eniautou ontos, ekeleusé tous Éleious Nerôn anaballesthai auta es tên eautou epidêmian, « car quoique ce fût la coutume de célébrer ces jeux sur la fin de l’année, Néron ordonna aux Éléens de les différer jusqu’à son arrivée. » Or, la fin de l’année était aux environs du solstice, selon la manière de compter des Grecs.

On donnait le nom d’athlètes (de athlos, travail, combat) à ceux qui s’exerçaient à dessein de pouvoir disputer le prix dans les jeux publics. L’art qui les formait à ces combats s’appelait gymnastique (de gumnos, nu), à cause de la nudité des athlètes.

Les athlètes fréquentaient dès leur plus tendre jeunesse les gymnases, ou palestres, qui étaient des espèces d’académies entretenues pour cela aux dépens du public. Là, ces jeunes gens étaient sous la direction de différens maîtres, qui employaient les moyens les plus efficaces pour leur endurcir le corps aux fatigues des jeux et pour les former aux combats. Leur régime de vie était très-dur et très-austère. Ils n’étaient nourris, dans les premiers temps, que de figues sèches, de noix, de fromage mou et d’un pain grossier et pesant. Le vin leur était absolument interdit et la continence commandée.

Il est vrai que dans la suite les athlètes n’observèrent pas toujours ce genre de vie. Vers le temps d’Hippocrate on commença à leur permettre l’usage de la viande, mais d’une