Page:Falconnet - Petits poèmes grecs, Desrez, 1838.djvu/348

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
330
PRÉFACE

Henry Estienne les joignit à son recueil, et elles se trouvent dans toutes les collections qui renferment Théocrite, ainsi que dans celle de Fulvio Orsini.

Elles ont été publiées avec Callimaque par Bonaventure Urcleanius, Anvers, 1584, in-12 ; avec Musée, par David Withford, Londres, 1659, in-4o, accompagnées d’une version latine symétrique, et plusieurs fois ailleurs. Nous indiquerons les éditions suivantes :

Venise, 1746, in-8o, par Nic. Schwebel, avec les notes des éditions antérieures et les versions de Withford et de Longepierre.

Oxford, 1748, in-8o, par Jean Heskin ; bonne et belle édition, avec la version.

Leipsick, 1752, in-8o, par Jean-Ad. Schier.

Leyde, 1779, par L.-G. Walckenaer, à la suite de son Théocrite, in-8o.

Erlang, 1780, in-8o, par Th.-Ch. Harless, avec des notes choisies dans les éditions précédentes.

Leipsick, 1793, in-8o, grec-latin, par L.-H. Teucher. p Gotha, 1795, in-8o, par F. Jacobs, d’après l’édition de Walcknaer.

Londres, 1795, in-8o par Gilbert Wakefield ; nouvelle recension et notes savantes.

Au reste, Bion et Moschus se trouvent joints à plusieurs éditions de Théocrite, notamment à celle de MM. Kiessling et Briggs, ainsi qu’aux recueils de Brunet, de MM. Gaisford et Boissonade.

Bion a été traduit en vers français par Longepierre, Paris, 1686 ; Amsterdam, 1688 ; Paris, 1691 ; Lyon, Molin, 1697. La traduction, peu agréable à lire, parce que le style en a vieilli, est extrêmement fidèle ; on estime les notes du traducteur, et les éditeurs suivans les ont recueillies avec soin. Bion a été défiguré en méchans vers français, par Poinsinet de Sivry, à la suite de son Anacréon ; Nancy, 1758, in-12. Il a été traduit en prose par Moutonnel-Clairfons[1] et par Gail, 1795, in-18. L’édition de Manso, Gotha, 1748, in-8o, se trouve accompagnée d’une version allemande, en vers héroïques, et de deux savantes dissertations, l’une sur l’époque et la vie de Bion et de Moschus, l’autre sur les ouvrages, le caractère et les versions de ces deux poëtes.


IV


Bion, comme l’indique l’élégie que Moschus composa sur sa mort, était contemporain de Théocrite.

Moschus vécut dans la 156e olympiade, sous le règne de Plolémée-Philométor, environ cent quatre-vingts ans avant Jésus-Christ ; il fut l’élève et l’ami de Bion de Smyrne. Ceux de ses écrits qui nous ont été conservés ont toujours été imprimés avec les poésies de Bion, et ces deux aimables poëtes, amis pendant leur vie, n’ont pas été séparés après leur mort. Ils ont eu aussi les mêmes hommes pour éditeurs et pour traducteurs.

Nous ne savons rien sur la vie ni sur la mort de Moschus ; il nous reste de lui quatre grands morceaux et quelques petites pièces ; les premières sont :

1o Érôs drapétês, l’Amour fugitif, en vingt-neuf vers. L’Amour s’étant échappé, Vénus promet une récompense à ceux qui le lui amèneront et fait le portrait de cet enfant plein de malice, afin que ceux qui le rencontreront ne puissent le méconnaître.

2o Eurôpê, Europe, ou l’Enlèvement d’Europe, en cent soixante-un vers, morceau plein de grâce, renfermant des tableaux charmans, et qui serait digne des plus beaux siècles de la littérature grecque, si l’exposition n’était trop longue.

3o Epitaphios Biônos, Chant funèbre en l’honneur de Bion, en cent trente-trois vers. Le poëte nous fait voir la nature entière plongée dans le deuil par la mort de Bion. Ce poëme est de la plus grande élégance, mais surchargé d’images. On peut lui reprocher ce que Walckenaer appelait elegantissimam luxuriem.

4o Megara gunê êrakléous, Megare, épouse d’Hercule, fragment de cent vingt-cinq vers. C’est un dialogue entre la mère d’Hercule et son épouse, La scène est à Tyrinthe, et l’époque où le dialogue est censé avoir lieu, tombe dans une de ces absences forcées que fait Hercule pour exécuter les commandemens d’Eurythée. Les deux femmes plaignent leur propre sort et celui d’un fils et d’un époux chéri. Ce fragment renferme moins d’images et d’ornemens que le petit nombre d’ouvrages de Moschus qui nous a été conservé ; il est au contraire d’une simplicité qui rappelle l’ancienne épopée et qui est relevée par une véritable sensibilité[2].

  1. Voyez son Anacréon.
  2. Schoell, Histoire de la littérature grecque profane, t. III, p. 173.