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cieuse largesse, souviens-toi de nous et prononce notre nom avec amitié.

LXII.

PARFUM DE MARS.

L’Encens.

Mars magnanime, terrible, invincible et sans crainte, Mars indomptable, puissant par les armes, impétueux ami du fracas et dégouttant de sang, dieu redoutable qui as toujours soif du sang humain, toi qui te plais au cliquetis des épées, au bruit des combats et des disputes, suspends tes batailles, laisse reposer tes tumultes effrayans. Abandonne-toi aux charmes de Cypris et de Bacchus, livre-toi aux travaux de Cérès, et sois ami de la Paix, qui distribue largement une copieuse nourriture et les richesses bienheureuses.

LXIII.

PARFUM DE VULCAIN.

L’encens du Liban.

Vulcain tout-puissant, dieu très-fort, flamme éternelle, toujours alimentée par des souffles enflammés, dieu de la lumière, dieu brillant, dieu éternel et rempli d’habileté ; toi qui travailles le fer, pur élément, portion du monde qui dévores tout, qui domptes tout, qui surpasses tout, qui envahis tout. Le soleil, la lune, les étoiles, ne reluisent aux yeux des mortels, ô Vulcain, que comme les membres enflammés de ton corps. Tu fréquentes toutes les maisons, toutes les villes, tous les peuples ; dieu bienheureux et aimable, tu t’insinues dans les membres des mortels. Sois heureux, sois favorable à nos libations, viens à notre secours dans les travaux difficiles, éteins les incendies rapides, et conserve cependant en nous une lumière génératrice.

LXIV.

PARFUM D’ESCULAPE.

La Manne.

Esculape, médecin de tous les hommes, dieu bienveillant, dieu favorable, qui adoucis les contagions mauvaises de toutes les maladies, toi qui apportes de doux présens et qui viens toujours accompagné de la Santé, toi qui éloignes les flammes dévorantes des pestes meurtrières ; dieu aimable, distributeur des biens, fils honoré de Phébus Apollon, ennemi de la Maladie, époux de l’aimable Santé, sois-nous favorable, accorde-nous d’aimables destinées.

LXV.

PARFUM D’HYGIÉE (LA SANTÉ).

La Manne.

Santé féconde et aimable et qui règnes sur tous les hommes, écoute-moi, ô mère opulente qui nous apportes tous les biens. C’est toi qui chasses la maladie loin des hommes souffrans, c’est toi qui par ta grâce ramènes la joie sous les toits des mortels. Le monde, frappé de ta puissance, te désire et la divinité infernale qui préside aux termes de la vie te poursuit de sa haine. O bien-aimée et désirée, tu es la consolation de toutes choses. Sans toi le vieillard n’a aucun bonheur durant ses vieux jours ; Plutus n’est rien pour lui, toi seule tu gouvernes tout, tu règnes sur tout. O déesse sois donc favorable aux vœux de tes prêtres, écarte d’eux les terribles fléaux et les maladies.

LXVI.

PARFUM DES EUMÉNIDES.

Les Aromates.

Je vous invoque, déesses redoutées de tous, déesses horribles, Alecton, Tisiphone et toi vénérable Mégère, déesses amies de la nuit, qui habitez des demeures souterraines, dans un antre obscur sur les bords sacrés du Styx, déesses cruelles, terribles, toujours accompagnées des Nécessités impitoyables, déesses vengeresses, inexorables, vêtues de peaux de bêtes féroces, filles de l’Orcus, déesses aux mille formes, aériennes, invisibles, plus légères que la pensée. Ni les travaux rapides du soleil et de la lune, ni la vertu puissante par sa sagesse, ni la vieillesse aimable, ni la jeunesse éclatante de puberté, ne pourraient inspirer malgré vous à notre cœur les jouissances de la joie. Vous gouvernez toujours sur cette terre les générations mortelles des hommes, et vous leur rendez scrupuleusement la justice dorée. O déesses terribles, déesses aux cheveux de serpens, déesses aux formes variées, que votre pensée