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bienveillante soit apaisée au fond de votre cœur.

LXVII.

PARFUM DES EUMÉNIDES.

Les Aromates.

Ecoutez-moi, Euménides au grand cœur, à la pensée prudente, filles chéries du grand Jupiter infernal et de Proserpine aux beaux cheveux bouclés, qui jugez toutes les fautes des mortels, déesses au regard foudroyant, reines éternelles, puissantes, redoutables, déesses terribles à voir, filles de la nuit, aux cheveux de serpens, au visage effroyable, je vous supplie d’être favorables à nos sacrifices respectueux.

LXVIII.

PARFUM DE MELINOE.

Les Aromates.

J’invoque Mélinoë, nymphe souterraine au voile de safran, que Proserpine, unie par un amour secret à l’immortel Jupiter, enfanta sur les bords du Cocyte. Plutus s’unit aussi à elle emporté par la violence de sa passion, et alors elle prit dans le sein de Proserpine un double corps de couleurs différentes. Toi qui chasses les ombres des mortels et qui changes à volonté ton horrible visage, tantôt d’une couleur transparente, tantôt noir comme la nuit, et parcourant ainsi les ténèbres de la nuit profonde ; je t’invoque aussi, reine de l’Averne souterrain, qui conduis aux extrémités de la terre les âmes humaines, tourne vers les prêtres un visage favorable.

LXIX.

PARFUM DE LA FORTUNE.

L’Encens.

Je t’invoque ô Fortune, douce reine dispensatrice des biens, et Diane ennemie née du sang de la sagesse. Nul ne peut lutter contre toi : tu es obscure et mystérieuse pour tous les mortels. C’est en toi que consiste l’opulence des hommes. Aux uns, tu donnes abondamment tous les biens ; aux autres, dans ta colère, tu donnes une dure pauvreté. Je t’en prie, ô déesse, sois-moi favorable, accorde-moi tes richesses et tes bienfaits.

LXX.

PARFUM DU GÉNIE PROTECTEUR.

L’Encens.

J’invoque le Génie au grand cœur, dieu vénérable, Jupiter bienveillant, qui engendres toutes choses et qui distribues la vie aux mortels, Jupiter tout-puissant, maître universel, présent dans tout l’univers ; dispensateur des richesses, entre sous mon toit avec un signe de bon augure. C’est toi qui fais cesser les infirmités de la vie humaine, tu tiens dans tes mains la clé de la joie et des chagrins. Ainsi, dieu puissant, daigne éloigner de moi tous les chagrins et accorde-moi d’arriver jusqu’au terme de ma vie avec un cœur calme et une pensée tranquille.

LXXI.

PARFUM DE LEUCOTHÉE.

Les Aromates.

J’invoque Leucothée, née du prince Cadmus, illustre divinité, nourrice de Bacchus à la belle couronne. Sois-moi favorable ô dominatrice des flots azurés, toi qui te plais dans les ondes, protectrice des nautoniers. A travers les dangers terribles c’est vers toi que se dressent tous les navires ; c’est toi qui viens au secours des hommes engagés à travers les périls des mers, et qui les aides dans les pénibles tourmentes. Sois-nous donc favorable, à nous, au milieu de nos dangers, sois favorable aux navires qui sillonnent la mer à pleines voiles, accorde un vent propice à tes prêtres.

LXXII.

PARFUM DE PALÉMON.

La Manne.

Toi qui as sucé le même lait que Bacchus, toi qui habites les plaines liquides et orageuses, ô Palémon, nous t’invoquons : que tes lèvres nous sourient et que ton visage nous soit favorable, conserve tes prêtres sur la terre comme dans les flots. C’est toi qui protèges les navires au milieu de la tempête sonore, et tu éloignes loin des mortels avides les colères tumultueuses de l’Océan.