Quand descendra sur moi l’ombre de la vallée,
Qu’on verse, en me nommant, sur ma tombe isolée,
Quelques larmes du cœur.
Mais ces larmes, hélas ! qui viendra les répandre,
Et plaintif, tristement, imprimer sur ma cendre
Le pas de la douleur ?
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Mais le ruisseau demain rafraîchira les roses ;
Elles retrouveront son mobile miroir ;
Et moi, comme les fleurs qui s’effeuillent écloses,
La mort va me cacher sous les ailes du soir.
J’ai froid et je voudrais m’attacher à la vie ;
De ce cœur pour l’aimer ranimer la chaleur.
Tel après ses adieux, un tremblant voyageur.
Jette un dernier regard vers la douce patrie.
L’oubli c’est le néant, la gloire est l’autre vie ;
L’éternité sans borne appartient au génie.
Au livre du destin s’il essayait de lire
L’homme verrait à peine une heure pour sourire,
Un siècle pour pleurer.
............Ici-bas le poëte
Chaque jour repoussé par la pitié muette
N’a jamais que de loin contemplé le bonheur ;
Et de gloire et d’oubli s’abreuvant tout ensemble,
Sans le trouver cherchant quelqu’un qui lui ressemble,
N’a pas un sein ami pour appuyer son cœur.
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