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Page:Fargèze - Mémoires amoureux, 1980.djvu/211

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l’ombre. L’idée me vint d’agacer sa hargne. Je m’approchai.

— Tiens ! C’est vous, mademoiselle ? Vous n’avez donc pas envie de dormir ?

Si invraisemblable que ce fût, elle ne me répondit pas sur le ton d’aigreur qui lui était naturel.

— J’ai la migraine et je prends l’air, me dit-elle.

— Parions plutôt que vous attendez quelqu’un, fis-je. Elle se rebiffa.

— Et après ? Ça vous regarde ?

J’insistai :

— Celui que vous attendez, s’il vous pince les fesses, le traiterez-vous de saligaud ?

— Si je vous ai traité de saligaud, un jour, je n’ai pas à retirer le mot, répliqua-t-elle.

— Vous n’êtes pas gentille, dis-je.

— Croyez-vous que c’est une chose à faire, reprit-elle, que de vous pincer comme ça devant tout le monde ?

Je me mis à rire.

— Dans ces conditions, mademoiselle Pauline, permettez-moi de vous pincer ici, puisqu’il n’y a personne.

Et je m’approchai un peu plus. Elle recula.

— Passez votre chemin, vous êtes un débauché.

Mais j’avais déjà la main sur le rond de la jupe, au plein des fesses, que je pelotais et ne pinçais pas. Elle me laissait faire. Je pelotai plus libertinement, sous la jupe même. Elle me laissa faire encore, et je passai du derrière au devant. Elle reculait sans mot dire, poussait du dos la porte de sa chambre, moi la suivant dans la nuit, ma main bien en place. L’occasion était bonne d’engager assez son honnêteté de fille pour qu’elle renonçât à surveiller Jeanine. Elle se trouva contre son lit et s’y renversa. Elle me soufflait une haleine forte. Une odeur de suint se dégageait du râble que j’amenais à moi. Je la flairai bestialement, cette odeur, et sans autre façon j’eus Pauline Maillefeu, qui se mouvait pour aider à ma prise. Pas un baiser, pas une parole. Elle me montra pourtant qu’elle était contente en me reconduisant jusqu’au dehors. « Cela ne sera pas su, j’espère ? » me dit-elle. « Pauline, je vous promets le plus profond secret » Et de m’éloigner à une allure de fuite. Mes amis