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Page:Fargèze - Mémoires amoureux, 1980.djvu/216

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peu de ses chevalines protubérances que je ne m’en allai qu’au matin, veillant à n’être pas vu par Buizard, qui se levait de bonne heure. Je songeais que tout à côté ma Jeanine dormait, rêvant de moi, peut-être. Quelle honte ! Ma lubricité satisfaite, je me faisais horreur.

À quelques jours de là je rencontrai Buizard, qui me fit le meilleur visage du monde.

— Le mariage de Jeanine avec Berland est pour le premier samedi de mai, me dit-il, sans embarras aucun. Il faudra que vous reveniez à la maison, parce que votre absence finirait par faire jaser.

Évidemment, dès l’instant que Jeanine se remariait, ce qui avait pu se passer entre elle et moi devenait sans importance. Dès le lendemain je retournai donc faire mon bésigue aux « Amis de la Marine ». J’y bus avec Berland, le futur mari. Jeanine se dominait, évitant le croisement de nos regards.

Trois fois encore elle vint faire l’amour avec moi. La dernière, c’était la veille même de ses noces. Je ne fus pas du dîner nuptial, mais Buizard m’avait invité à venir, dans la soirée, vider quelques coupes de champagne en l’honneur des nouveaux époux. Ils étaient déjà partis. Je me représentais Jeanine forniquant avec l’employé de la Monnaie, si brave homme. Je bus beaucoup et payai trois bouteilles. Les habitués de la maison chantaient à pleine gueule. Buizard rayonnait.

Il était un peu plus de minuit quand je me retirai, lourdement ivre. À l’entrée du corridor se dissimulait Pauline. Elle m’appela. Je titubai dans son ombre. Elle saisit ma main, la porta d’un trait sous sa chemise, jusqu’aux braises de son barathre béant. Je la repoussai furieusement contre le mur. « Saloperie ! » lui criai-je, comme en réplique à son « saligaud » de naguère. Je l’aurais bien étranglée. Mais je flairai son odeur de bête. Ma fureur s’éteignit dans le sadisme et je bousculai vers son lit cette dégoûtante femelle aux fesses de jument.