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Page:Fargèze - Mémoires amoureux, 1980.djvu/247

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d’elle une surveillance incessante ; le fiancé et sa famille s’apprêtaient à venir ; on publiait les bans. Je fus huit jours sans la voir, ma rage lubrique me reprenant, ma folie d’attente sous ses fenêtres. Son image, comme auparavant, se projetait érotiquement dans mes rêves. Ah ! Ce corps succulent que toujours il me semblait goûter pour la première fois, lèvres fruitées, gorge à la pulpe savoureuse, chatteries secrètes de ma jeune maîtresse ! Quand elle reparut après ces huit jours, ce fut un dément qui la roula sous lui. Je criai ma jouissance. Mais une interruption plus prolongée suivit, et puis une autre. Elle m’écrivit, s’en excusant. Je ne pouvais lui répondre. Un mot qu’en courant elle avait mis à la poste me fit l’attendre toute une journée chez moi, à l’écoute du moindre bruit. Elle n’avait pu venir, et c’est ce que m’apprit un autre mot plus bref, griffonnage presque indéchiffrable. Puis je reçus deux lettres de Rouen. Le mariage en était aux ultimes préparatifs. J’en sus la date : 22 décembre. Et puis, plus rien : l’épais silence…