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Page:Fargèze - Mémoires amoureux, 1980.djvu/90

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CHAPITRE SEPTIÈME

Je retrouve Hubertine. Amours gâchées.
Retour à Saint-Brice. Je possède Agathe.
La pâle Mme Lorimier. Un coup de pied de Vénus.

Hubertine ! Deux années avaient passé sur son inoubliable baiser-morsure. Deux années, et le gamin de seize ans était devenu grand garçon, un homme. Vivait-elle encore sur la Brise-de-Mai ? La reconnaîtrais-je, et me reconnaîtrait-elle ? On m’indiqua le bateau. Isidore Caplin, sur le pont, fignolait un arrimage de charbon de bois. Je passai la planche, et dès que j’eus dit mon nom, le marinier manifesta beaucoup de joie, car il était un vieil ami de mon père. Il n’en revenait pas de lui voir un si grand fils.

— Félicien, pardi ! Je vous ai vu tout petiot. Et comment va le père ? Et l’oncle Pouchin, comment qu’il va ?

Je n’eus pas à le faire parler. Il me dit que Mme Caplin était au lit, soignant un mal de jambe, et qu’Hubertine, justement, venait d’aller pas loin, en commission. Elle était là ! J’allais la revoir ! Il m’offrit un verre d’une boisson fabriquée par lui, et tandis que nous bavardions je vis paraître une jeune fille toute blanche et rose, un vrai bouquet. Je la reconnus aussitôt, à peine grandie, mais plus en chair. Le joli visage et la pimpante tournure ! Riant aux éclats, elle accourait, poursuivie par un jeune gars en blouse verte. À ma vue, elle jeta un « oh ! » de surprise. Je la saluai, casquette en main, non moins troublé que le jour de notre rencontre dans la péniche.