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Page:Fargue - Le Piéton de Paris, 1939.djvu/108

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LE MARAIS

Tout jeune, j’ai compris ce que c’était que la splendeur du Marais en accompagnant un jour, à l’hôtel Soubise, où sont conservées aujourd’hui les Archives Nationales, un vieil homme de lettres qui allait serrer la main du Garde Général et jeter les yeux sur quelques pièces incomparablement belles et incomparablement classées. On ne sait pas assez que la France, par l’état d’avancement de ses inventaires publiés, est à la tête des autres pays. Je ne le savais pas encore ce jour-là, et je ne savais pas non plus devoir trouver, dans les salles du Musée Paléographique et Sigillographique de Paris, un ensemble de documents qui me donnèrent le frisson.

Le souvenir de ce premier choc est encore présent à ma mémoire. Pour mieux jouir de mon étonnement et de sa supériorité sur moi, car il avait le goût du commentaire bien tourné, le bonhomme me montra en bloc et comme à bout portant les merveilles de ce lieu : l’Édit de Nantes, la Déclaration des Droits de l’Homme, le testament de Louis XVI, la dernière lettre de Marie-Antoinette, le procès-verbal de l’exécution de Louis XVI, le fameux Décret de Moscou, toujours en vigueur ; des lettres, des testaments, des documents concernant les Mérovingiens, le Grand Siècle, la Révolution ; la table ornée de bronzes sur laquelle fut déposé Robespierre blessé. Mis en