Page:Fargue - Le Piéton de Paris, 1939.djvu/109

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appétit par cette abondance, je demandai à voir le codicille au testament de Napoléon dont j’avais entendu parler par des amis de mon père. Mais l’armoire de fer des Archives ne s’ouvrit pas pour nous ce jour-là. « C’est parce que tu es encore trop jeune », murmura le vieil homme de lettres.

Les deux salons ovales de l’hôtel de Soubise et la chambre de la Princesse ont servi de modèle à toute l’Europe d’autrefois : Ce sont, d’ailleurs, les documents les plus purs que nous ayons sur le goût français et sur l’art ornemental de la Renaissance. Il n’est pas une demeure du vieux monde digne de ce nom qui ne rappelle, par quelque détail, les dessins de Boffrand, la façade de Delamair, les coups de ciseau de Lemoyne, les raffinements de van Loo ou de Boucher. En quittant la rue des Francs-Bourgeois, mon vieil archiviste me dit à voix basse qu’il considérait l’hôtel de Soubise comme la plus admirable maison du monde. Pourtant, comme il était « du Marais », il fut obligé de répéter ce compliment devant un nombre considérable d’hôtels, qui font de ce quartier une sorte de ville d’art dans Paris.

Le Marais est constitué par la partie orientale du IIIe arrondissement et par la place des Vosges et ses environs, qui appartiennent au quatrième. C’est une province dont les frontières naturelles sont assez connues et très apparentes : l’église Saint-Gervais et les Archives de l’Est, la Seine, le boulevard Henri-IV, au Sud ; au Nord, l’église Saint-Denis du Saint-Sacrement et le boulevard Beaumarchais. Avant d’être un véritable musée