Page:Fargue - Le Piéton de Paris, 1939.djvu/129

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bat, première mouture du char d’assaut. Pareil au fourmilier, le Mégathérium galopait sur ses ongles recourbés dont la sole était résistante. Comme il ne pouvait grimper aux arbres, qu’il laissait sans feuilles après les avoir dévorés comme des salades, il les abattait, ou plutôt il les couchait, il les pliait, il les dépiautait !

À Durfort, dans le Gard, on a découvert les restes d’un Elephas meridionalis qui semblerait, au sentiment de certains savants, beaucoup plus ancien que le mammouth classique. D’où crise de patriotisme anatomique en préparation. L’Elephas meridionalis, comme d’ailleurs la plupart des éléphants qui se baladaient autrefois en Europe, n’avait pas de fourrure et se distinguait par des défenses assez contournées, genre modern-style. Dans ce secteur des galeries de Paléontologie, le président Jefferson, l’homme du fémur, a trouvé un collègue : le baron Haussmann, autre mécène. C’est, en effet, le baron Haussmann qui a offert au Muséum d’Histoire Naturelle l’humérus gauche de l’éléphant trouvé à Montreuil-sous-Bois. (À vous, Georges Simenon : L’éléphant de Montreuil-sous-Bois ?…) J’en suis encore à me demander si la première rame de métro qui est arrivée à Montreuil n’a pas fondu d’admiration devant quelque féerie d’ossements, vestiges de l’ancienne France, quand nous n’étions encore que de jeunes garçons…