Page:Fargue - Le Piéton de Paris, 1939.djvu/128

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peu sommaire : puzzle que nos imaginations désespérées et appauvries reconstituent avec passion. La plus grande partie de ces monstres viennent de l’Alaska, du Turkestan ou du Kenya, et le Français moyen se sent toujours un peu frustré d’animaux antédiluviens, comme il est privé d’or, d’émeraudes, d’esturgeons et d’hermines. Aussi pousse-t-il un soupir de nationalisme béat en présence du Mastodon de Sansan, dans le Gers, et qui, dit le pedigree scientifique, suivait un régime omnivore, comme celui des pachydermes du groupe des cochons…

Entrons dans les poids-mouches. Voici l’Hipparion Gracile, venu tout droit de l’Attique. Cette jeune cavale, qui portait ses ramures de cerf comme un panache, est le plus élégant des fossiles. Je donnerais toutes les Académies du monde, tous les chèques et tous les Jeux Olympiques pour l’avoir vue galoper parmi les Centaures et les Amazones. Pourtant, les modèles légers sont rares en ce salon de l’os. L’Hipparion gracile, avion de chasse, a déjà pour voisin le Glyptodon, tatou géant à carapace rigide, sorte d’animal du genre chauffage central, dont la lignée finit en tourelles de béton sur la ligne Maginot… « On croit savoir, proclame la fiche anthropométrique du Glyptodon, que les hommes primitifs se servaient de sa carapace comme abri quand il n’y avait pas de grottes… » Ainsi, déjà, des guerres de machines et d’embuscades… Signalons encore, dans la série militaire antédiluvienne, le Mégathérium, ou petit tank de com-