Page:Fargue - Le Piéton de Paris, 1939.djvu/174

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d’une pièce de théâtre un présage de fin du monde. Tonnerre ! N’en avons-nous pas vu, des crises ministérielles, et autrement gratinées… L’esprit parisien comportait précisément cette légèreté qui permettait à quelques centaines de milliers d’être humains de ne rien prendre au tragique et de constater que tout allait assez bien. Depuis que l’École Normale, la Faculté de Droit, Polytechnique, la Faculté de Médecine, les Écoles d’Application d’une nom de D… de province nous envoient des experts, des surexperts, des ministres, et parfois leurs secrétaires ou amis intimes, rien ne va plus. Et ce juge suprême, le Parisien, qui attendait événements et conséquences, hommes et dieux, le crayon à la main, comme Caran d’Ache, ce juge suprême n’est plus…

Le Parisien était un homme que l’on aimait à rencontrer, qui savait tout, qui vous souriait, même fatigué, même agacé par votre présence, et qui vous disait toujours : « Comme je suis content de vous voir ! » Au bout d’une demi-heure, il l’était réellement !… Il y a, chez certains hommes, des trésors de bonne grâce, d’esprit, de gentillesse, le tout assaisonné de rosseries délicieuses et de malice ; des trésors de patience et de rouerie, des mélanges de politesse et de resquillage qui les rendent indispensables, et non pas seulement aux salons de Paris, mais à certaines boutiques de libraires, à certaines galeries de tableaux, et à la plupart des répétitions générales. Je dis la plupart pour une raison bien simple : c’est qu’il n’y a plus de pièces pari-