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Page:Fargue - Le Piéton de Paris, 1939.djvu/177

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Henry Hirsch, puis Carco, sont des Parisiens. Ils exercent une sorte de suprématie auprès des espèces moins promptes à la réplique, moins insouciantes et moins aimables.

Ces classes, parfois, se mêlent de la plus heureuse façon, et là sans doute gît le secret de Montmartre. Le voisinage de la bonne fille et de la belle dame, du petit poisse ou du mécano et du haut de forme est assurément ce qui donne leurs airs à Pigalle ou à Blanche. Et il y a une rue où le charme est irrésistible, où la présence de Parisiens cent pour cent est manifeste : c’est la rue Lepic. Je m’y suis promené avec de grands snobs que je ne daigne pas nommer au milieu des marchandes des quatre-saisons et des nobles charcutiers, la cigarette aux lèvres, le mot pour rire dans l’œil. Une sympathie égale et vraie nous maintenant tous dans un état de satisfaction et d’énergie. Et quand les Parisiens du seizième vont aux Halles, quand ils s’élancent à la recherche des petits restaurants, ils vont en réalité voir d’autres Parisiens.

Quoi qu’il en soit, tout cela se perd, et même la manière de s’en servir, ainsi qu’il est dit dans un petit poème anonyme. Paris file à toute allure vers un avenir plus sec et certainement moins nuancé. Déjà, le contraste entre la décoration « art nouveau » du Maxim’s et la physionomie des dineurs apparaît à celui qui le veut bien. On n’y entend plus parler que de pactes, de plans (avez-vous remarqué, tout le monde a le sien), de records ; on explique la sexualité par