Page:Fargue - Le Piéton de Paris, 1939.djvu/176

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On a un peu trop écrit que le Parisien était surtout un homme de théâtre, de salle de rédaction, de golf. Il y a de très sérieux, de très authentiques Parisiens dans l’industrie, l’ingéniorat ou le commerce, dans les chemins de fer ou la parfumerie.

On a aussi un peu trop dit que le Parisien était un homme plutôt aisé, sinon secrètement très riche, un capitaliste égoïste possédant bibliothèque, miniatures, tabatières, vases, coupé, laquais, cave, château et maîtresse. Il y a de ravissants Parisiens dans toutes les couches de la Société. Je suis de ceux qui croient que Ménilmuche et la Chapouelle, pour prononcer comme il sied, constituent quelque chose comme l’avenue du Bois des Boulevards Extérieurs. Et la poule au gibier, la « belote dure », le gueuleton, le Tour de France sont assurément le Jockey Club, les Drags, les Petits Lits Blancs et Toscanini de ces messieurs dames sans galette. J’ai vu autant de « sensations » dans certains beuglants qu’à l’Opéra.

Cette société, réguliers, camelots, harengs, mecs, « titis, gandins », broches, sous-broches, midinettes, mijaurées, gonzesses, boutiquières, lesbombes, costauds, chenilles, tourneuses d’obus, vitrioleuses, qui sont baths, ou marles, non seulement on n’en trouve pas l’équivalent à l’étranger, mais encore en province. C’est bien une peuplade de Paris, avec ses coutumes et son vocabulaire. Tous ces êtres, que Villon célébra, puis, d’une autre façon, Philippe, puis Charles-