Page:Fargue - Le Piéton de Paris, 1939.djvu/180

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poléon III et l’auteur de la Retraite sentimentale sont restées des Parisiennes, malgré l’averse. Par contre, Mme Steinheil n’a pas droit au titre. Comme on voit, il ne suffit pas de faire parler de soi. Il n’y a plus guère de Parisiennes. Ce qu’on rencontre de nos jours dans les salons, chez les ministres, chez Maxim’s, dans les coulisses des petits théâtres, ce sont des femmes du monde de gauche, occupées de la France, de l’Épargne ou de l’Honneur, des boutiquières de province qui ont donné un coup de main, ou plutôt un coup de reins à la carrière de leur mari, des femmes de chambre que le coup de grisou cinématographique a placées au premier rang de l’actualité, et qu’on invite, et qu’on admire et qu’on gâte ! Non, il n’y a plus beaucoup de Parisiennes à notre époque de parvenus, d’hypocrites, d’opportunistes ou de sectaires. Elles ont eu peur.

La Parisienne, si elle était légère, voire facile, exigeait au moins des hommes qui obtenaient ses faveurs, ou qui simplement la comblaient de cadeaux, pour avoir le droit de bavarder avec elle, qu’ils fussent bien nés, qu’ils eussent une allure présentable et un cœur sans boue. Elles s’appelaient alors Mme Visconti, ou Marie Duplessis, pour laquelle sept membres du Jockey se mirent en association, Virginie Déjazet, Hortense Schneider, Anna Deslions, la comtesse Walewska, Esther Guimond ou Julia Beneni, la Barucci aux belles cuisses, comme l’appelaient les maîtres d’hôtel, Italienne splendide, lancée en plein Paris par un grand bourgeois au nom prédestiné,