Page:Fargue - Le Piéton de Paris, 1939.djvu/195

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comme sur tant d’autres, le retard de « l’industrialisation » est compensé chez nous par le pittoresque. Hôtel Terminus-Austerlitz-et-du-Pied-de-Mouton, Hôtel des Mathurins et de New-York, Hôtel du Grand Saint Fiacre, Hôtel de la Bertha, Hôtel de l’Univers et du Portugal, Hôtel de la République, du Garage et des Étrangers… Je connais maints voyageurs qui habiteraient de pareilles maisons pour le seul plaisir de l’adresse.

Dans tous ces établissements, qu’ils soient palace ou maison meublée, machine à habiter ou simple garni, le rôle de l’hôtelier est de participer le plus étroitement possible à la vie de ses clients, que certains patrons nomment leur famille. La vie d’hôtel est l’image même de la société, et l’on comprend qu’un livre comme celui de Vicki Baum, Grand Hôtel, ait fait le tour de la littérature, du cinéma, de l’Univers… L’hôtel est un pays en petit. On y vient au monde, on y souffre, on y travaille et parfois l’on y meurt. Certains êtres choisissent les hôtels comme lieu de suicide, car la mort y est pratique. D’autres n’ont encore rien trouvé de mieux pour jouir pleinement de l’adultère. Quelques-uns considèrent l’hôtel comme un refuge.

« L’hôtel » est un séjour charmant
Pour un cœur fatigué des luttes de la vie…

Ceux qui entendent vivre gratis

Si le rat d’hôtel a disparu, comme la cravate à système et le tricycle à pétrole, l’escroc n’a pas