Page:Fargue - Le Piéton de Paris, 1939.djvu/197

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fermer les yeux sur de petits accidents d’ordre naturel, si naturels que certaines clientes ne comprennent pas que l’on s’en étonne et menacent de quitter l’hôtel à la moindre observation. Dans les grands hôtels que ne hantent que des animaux de luxe, perroquets de musées, roquets d’expositions, le régime des chiens est aussi soigné que celui des maîtres. Il ne se passe pas de jour qu’on n’aperçoive sur quelque commande « une aile de poulet pour chien », ou « une côte de mouton pour chien ».

Certaines dames, dont on ne sait si elles sont plus originales que réservées, préfèrent ne pas mentionner que l’aile de poulet est pour le toutou, et passent volontiers, malgré le souci qu’elles prennent de leur ligne, pour de grosses mangeuses. On imagine sans peine les drames que provoque dans un hôtel la mort de quelque chien auquel on s’était habitué comme à un client. Il faut : non seulement consoler la maîtresse éplorée, mais s’occuper des obsèques, et se mettre en quatre pour découvrir, dans un cimetière pour chiens, une concession digne du défunt.

Celui que les hôteliers redoutent :
le journaliste

Une autre plaie de l’hôtel est le journaliste, autant le dire tout de suite et sans précautions. L’observation est d’ailleurs tout à l’honneur de la profession. Le journaliste est un monsieur qui a reçu l’ordre d’approcher coûte que coûte les