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Page:Fargue - Le Piéton de Paris, 1939.djvu/205

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Yougoslavie, la Hollande et le Siam furent tour à tour représentés dans les appartements du Meurice par leurs monarques, héritiers et princesses. Défilé éblouissant, à propos duquel on m’a rapporté le mot touchant d’une petite fille de Paris qui passait des heures à faire le guet au coin des rues de Castiglione et de Rivoli aussitôt qu’elle avait appris par le journal ou la rumeur qu’un roi ou qu’une reine se trouvait au Meurice. Comme on lui demandait un jour la raison de cette obstination, la petite répondit :

« Je viens voir si ces Messieurs-Dames ressemblent bien aux portraits de ma collection de timbres… »

Le rendez-vous des poètes et des originaux

On sait qu’avant la guerre des pelotons de curieux et d’admirateurs se livraient à toute une stratégie devant le Meurice pour apercevoir Edmond Rostand, client fidèle, et qui composa Chantecler à l’hôtel. Un murmure d’admiration s’élevait sur son passage. Le poète avait du reste tout ce qu’il faut pour séduire les foules : une moustache d’officier de hussards, un visage d’un galbe fin, un monocle brisant, et un « paille » dont, quelques années plus tard, Maurice Chevalier devait éprouver les vertus au music-hall. Rostand n’a pas été remplacé dans le hall du Meurice. Aussi bien, la littérature a dû céder le pas à la haute couture, à la boxe, à la politique. C’est Mme Chanel, que j’ai aperçue récemment rue de