Page:Fargue - Le Piéton de Paris, 1939.djvu/219

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lunch de mariage de Paul-Louis Weiller, ainsi que le fameux match de bridge au cours duquel mille curieux se sont presque battus pour approcher de tout près un roi de pique ou un sept de carreau particulièrement chargés d’avenir ce jour-là…

Ce n’est pas impunément que j’ai comparé le George-V à un paquebot. Il supporte admirablement la visite, tout comme l’Île-de-France ou le Normandie. Mieux : il l’appelle, et il tient ses promesses. Entrer dans les profondeurs du George-V, c’est descendre dans les anciennes carrières du village de Chaillot d’où fut extraite la pierre qui servit à édifier l’Arc de Triomphe. Dans cette cave modèle, d’un silence de désert, s’empilent aujourd’hui des bouteilles aussi précieuses, pour quelques fous, que des vies d’hommes. Aussi la Ville de Paris l’a-t-elle classée au premier rang des abris pour Parisiens de luxe, en cas d’attaque aérienne. À vingt mètres sous terre, gardé a vue par des batteries de Haut-Brion ou de Chambertin, on imagine plus facilement encore un avion qu’un hôtel, me fait remarquer l’administrateur qui m’accompagne. Je me sens, en effet, sur le chemin du ventre de la terre, et je fais effort pour penser à un tapis, à un Manhattan cocktail, à un gigot, à une langouste, à un taxi…

Nous remontons d’un pas géognostique vers les cuisines. Au passage, nous apercevons l’artillerie de forge de la chaufferie, où l’illusion d’être en mer, de chercher à échapper à un typhon, est complète. Enfin, au sortir des grottes,