Page:Fargue - Le Piéton de Paris, 1939.djvu/220

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des familles de casseroles nous sourient. J’ai envie de crier : « Terre ! » Dans une cabine, j’aperçois un ami : c’est Pierre Benoit. Ainsi, il était aussi du voyage ? Mais non. C’est la photographie de Pierre Benoit, en bonne place dans le poste de commandement du chef Montfaucon, que l’auteur du Déjeuner de Sousceyrac ne manque jamais de venir féliciter chaque fois qu’il prend un repas avenue George-V.

C’est Jules Romains, je crois, qui prétend que le bonheur ne s’éprouve violemment que dans une cuisine. Qu’il vienne serrer la main de l’illustre Montfaucon, dans sa cabane décorée de vingt et un diplômes et de onze médailles d’or, de cartes gastronomiques et de notes de service péremptoires : 104 lunchs assis, 350 sandwiches, etc. Il respirera de la félicité à pleins poumons.

Une innovation : le repas-disque !

— Il ne suffit pas de bien manger, me dit-on dans cet endroit où déjà je rêve de ballets de gâte-sauces, il faudrait pouvoir retenir ce que l’on dit à table. Que de promesses oubliées, que de renseignements perdus, que de mots d’esprit envolés ! On dîne et l’on se quitte après avoir échangé parfois les propos les plus denses. Pour remédier à cette frivolité, le George-V lancera en 1938 le repas-disque ! À la demande des clients, toutes les conversations seront enregistrées entre les hors-d’œuvre et le café. Une « mémoire » fonctionnera sous la table sans déranger per-