Page:Fargue - Le Piéton de Paris, 1939.djvu/22

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Les restaurants, on les trouve à la Villette. Ils sont d’ailleurs indiqués par les bons ouvrages. Quant aux « curiosités touristiques », si le canal de l’Ourcq, qui s’étend et dort comme une piscine entre les quais de la Marne et de l’Oise ne rend pas le voyageur poétique, c’est qu’il est trop difficile pour s’accommoder d’un paysage mi-hollandais et mi-rhénan. Ce canal est pour moi le Versailles et le Marseille de cette orgueilleuse et forte contrée. L’art ne s’y risque guère, et pourtant tous les élèves de Marquet et d’Utrillo devraient y avoir élu domicile.

Il y a là un mélange de petits hôtels trébuchants et sympathiques, d’étalages de sacs, des équipes de mariniers endormis, des démonstrations de maçonnerie ou de blanchisserie, une coopération de gaillards de Rotterdam, de Turin, de Toulouse, de Dijon, de Strasbourg, un palmarès de péniches aux noms ravissants dont le voisinage et les nuances et les contours devraient faire naître un poète par maison. Or, on ne me signale aucun « intellectuel » dans la région. Le moins éloigné en est Luc Durtain, qui est du boulevard Barbès, ce qui, pour un homme de la rue de Flandre, signifie à peu près Savoie ou Bulgarie.

La pièce de résistance de ce quartier, tout fleuri de sémaphores, et dont les beautés naturelles sont nombreuses, la place du Maroc, la rue de Kabylie, les Pompes Funèbres serrées entre la rue d’Aubervilliers et la rue Curial, les entrepôts, les cliniques pour locomotives, la pièce de résistance