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Page:Fargue - Le Piéton de Paris, 1939.djvu/221

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sonne, et lorsqu’on retirera « son vestiaire », on pourra emporter avec soi le procès-verbal du déjeuner ou du dîner auquel on assistait, et se constituer ainsi chez soi des bibliothèques de conversation qui seront utiles pour rappeler aux personnes importantes qu’elles ont promis de s’occuper de vous, aux femmes qu’elles vous aiment, et aux amis qu’ils mentent.

Une des joies du George-V, ce sont ces appartements, meublés ou vides, ornés de terrasses, clairs, parfumés de cinéma correct et dans lesquels se donne la forte satisfaction de « s’américaniser » un peu. Ces appartements, dont les fenêtres donnent sur ce qui fut soit le bal Mabille, soit le château des Fleurs, soit les jardins d’Idalie, sont malheureusement occupés, à de très rares exceptions près, par de richissimes Français — parfaitement — qui veulent bien payer un loyer annuel de 40 à 70 000 francs pour échapper au fisc, à condition de pouvoir se faire un peu de cuisine et d’avaler un yoghourt en cachette.

Moscou-Paris

Le George-V leur a installé des cuisines électriques et des frigidaires ravissants qui semblent provenir de quelque joaillerie. Pour gagner cette colonie charmante, nous repassons par la lingerie, claire et appliquée, où l’odeur de la première communion se mêle à celle du drame d’amour. Nous longerons la réserve des bagages oubliés, et parfois laissés pour compte par les