Aller au contenu

Page:Fargue - Le Piéton de Paris, 1939.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

connaître. Lorsque je m’éloignai enfin de l’avenue, je la vis brusquement, ce soir d’automne, comme une immense plage formée par la réunion de tous les cafés où les Parisiens viennent prendre un bain de fraîcheur et de lune, après diner. Et l’on sent très bien, le Fouquet mis à part, que tous ces établissements où personne ne se connaît, où l’on manque parfois ses rendez-vous, où l’on se tasse comme pour une cérémonie, sont placés « sous le signe » éphémère des plages. Il suffirait que la clientèle se portât en masse vers un autre endroit de Paris pour qu’ils se volatilisent. Le Fouquet, seul, émergerait vivant du brouillard, et, plus bas, le Francis d’une part, le Rond-Point, de l’autre, que font vivre et durer les théâtres, les couturiers et les journalistes. Aujourd’hui, les Champs-Élysées sont aux cafés. D’autres, d’ici quelques mois, naîtront sans doute sur ce trajet unique au monde. Mais, demain ?