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IX


Sur la prairie haute du Château, mademoiselle Dax et madame Terrien s’étaient assises côte à côte. Septembre avançait. Mademoiselle Dax, mélancolique, regardait vers l’horizon de l’ouest, vers Lyon.

— Dans quinze jours, – murmura-t-elle, – je vous dirai adieu…

Maternelle, madame Terrien embrassa sa petite amie :

— Et vous en aurez vraiment gros cœur, mignonne ? Oui, vous avez l’air tout esseulée dès que vous lâchez le bout de ma jupe… C’est donc bien triste, là-bas, chez vous !

Mademoiselle Dax hocha la tête :

— Ce n’est pas gai…

Elle compléta sa pensée après un silence :

— Personne ne s’aime…


Mademoiselle Dax et madame Terrien étaient par hasard en tête-à-tête. Gilbert Terrien avait retenu Carmen de Retz auprès de l’orgue. Fougères, en humeur de sauvagerie, était parti seul dès le petit jour, un livre sous le bras.

— Madame, – interrogea brusquement Alice Dax – pourquoi vous êtes-vous séparée de votre mari ?