Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/107

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Madame Terrien s’étonna :

— Mais si, j’aurais divorcé !…

— Oh !…

— Ça vous choque ? – Madame Terrien, ayant compris, souriait… – C’est vrai, j’oubliais que vous êtes très pieuse.

— Vous n’êtes pas pieuse, vous, madame ?

— Si fait !… seulement, pas tant que vous… Mais, au fait, j’y songe, votre mère non plus n’est pas aussi croyante que vous ?

— Non, – avoua mademoiselle Dax. – Pas croyante du tout, même… Elle pratique un peu, mais c’est par habitude…

— Ah !… et votre père est protestant, m’avez-vous dit ?

— Oui…

— Alors, c’est évidemment pour la seule joie d’embêter son mari, que votre mère vous a poussée vers la dévotion ?… Délicieux !… Ma pauvre petite !… Tout de même, voyez comme le divorce aurait eu du bon, entre vos parents !

Mademoiselle Dax s’effara de l’hypothèse. Puis, accrochée à son argument qu’elle estimait décisif :

— En tout cas, vous ne vous seriez pas remariée ?… à cause de Gilbert !…

— Non, probablement, – concéda madame Terrien… – pas de parti pris, tout au moins. Car, il ne faut jamais dire : « Fontaine !… » Il y a les hasards, les rencontres, les faiblesses, et l’herbe tendre !… Il y a l’amour, petite Alice !… Disons que j’ai eu la chance