Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/120

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et plus, sa fille entretenait, avec des inconnus, avec des artistes, avec des bohèmes ! des relations quotidiennes et coupables !…

Tout de même, sentant sur elle le regard de Fougères, mademoiselle Dax ne pouvait se défendre de lui rendre un coup d’œil. Justement Fougères était très beau ce soir-là : plus mince et plus élancé que jamais dans son veston de laine blanche, ouvert sur un gilet brodé de soie violette ; et sa chemise, violette aussi, pâlissait fort bien son teint mat.

— Au retour, – promettait madame Terrien, – nous tâcherons de passer sur n’importe quel sommet, d’où nous contemplerons l’Alpenglün…

— La… quoi ? – demanda madame Dax.

— Comment ! – s’ahurit madame Terrien, – vous n’avez jamais vu l’Alpenglün ?… le coucher du soleil sur les Alpes !…

— Non. À cette heure-là, nous nous habillons toujours pour le dîner, ma fille et moi.

— Mais c’est un crime ! Vous non plus, mignonne ? Par exemple !… Il faut voir ça tout de suite, ce soir même ! Il n’y a rien de plus beau… Est-ce qu’on a besoin de s’habiller, pour dîner à table d’hôte ?… Tenez, ma chère petite, vous êtes tout à fait bien dans cette robe-ci. Vous allez me faire le plaisir de sortir tout de suite, – voilà cinq heures et demie qui sonnent, – et de courir sur la terrasse haute. Vous arriverez juste à temps. Et je tiendrai compagnie à votre mère jusqu’à votre retour…

— Madame, – murmura mademoiselle Dax, – je