Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/121

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ne sais pas… je ne sors jamais seule, l’après-midi.

— Eh bien ! voilà Fougères ! il ne demande qu’à vous accompagner…

Fougères, correct, regarda madame Dax.

— Permettez-vous, Madame ?

— Eh ! bien sûr qu’on vous permet, – trancha madame Terrien.


— Ah non !… Pas sur la terrasse haute, – protesta Fougères en retenant Alice par le bras.

— Où voulez-vous alors ?…

— Sur le Signal. Nous avons vingt fois le temps qu’il faut, à condition de courir un peu… Et nous n’aurons pas la tourbe de ces touristes abjects…

Elle se laissa conduire. Ils coururent à toutes jambes dans le chemin grimpant.


Le soleil sombrait sous l’horizon dentelé de la Dôle. Au sud, l’Alpe Grée, incendiée par les derniers rayons, rougeoyait comme une forge immense.

Du feu lécha les glaciers. Il n’y eut plus nulle part de blancheur. Toutes les neiges rutilaient comme braises. Et cependant la nuit montait de l’orient, grisaillant en grand’hâte l’azur du ciel.

— On mettrait ces couleurs-là dans une aquarelle, tout le monde crierait que ce n’est pas vrai, – observa mademoiselle Dax.

— Chut ! – murmura Fougères. – Écoutez, écoutez le silence du soir !

Un calme prodigieux les enveloppait. La nuit, maintenant,