Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/124

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XIII


Dans le grand break déniché par Fougères, tout le monde avait trouvé place. Madame Dax, – Fougères à sa droite et Gilbert Terrien à sa gauche, – faisait face à madame Terrien, – assise entre Alice et Carmen ; – et l’on avait juché Bernard à côté du cocher.

On rentrait. L’excursion avait été maussade. Malgré ses efforts de politesse, madame Dax n’avait pu, sept heures durant, faire montre d’une bonne grâce constante : et mademoiselle de Retz, sincère en toutes choses avec ostentation, n’avait point dissimulé ses bâillements. Mais c’étaient là choses prévues et sans conséquence. Le guignon véritable avait été l’humeur noire de Fougères qui, de tout le jour, n’avait pas desserré les dents. Depuis le soir de l’Alpenglün, c’était la première fois qu’il revoyait mademoiselle Dax, et qu’il la revoyait auprès de Carmen de Retz… La rencontre lui semblait sans doute inopportune…

Madame Terrien toute seule avait donc supporté le poids de la journée. Elle avait causé tant qu’elle avait pu, fournissant demandes et réponses, masquant de bavardages le mutisme général, et s’efforçant par intervalles de vaincre le silence obstiné de mademoiselle Dax. Car celle-ci, bâillonnée de timidité, faisait