Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’allée une rivière. Les mélèzes, pareils à des îlots de paysages chinois, clairsemaient cette inondation, et leurs branches basses, submergées, agitaient des remous et des vagues.

Dans l’antichambre, et la porte dûment refermée, madame Dax reconquit un peu de son sang-froid. Navrée d’abord, puis hostile, elle inspecta sa fille qui dégouttait devant elle.

— Te voilà propre ! – commença-t-elle. Mais un éclat de rire de madame Terrien l’interrompit :

— Madame !… nous sommes tous logés à la même enseigne !… Le plus pressé est de changer de vêtements. On va vous conduire dans les chambres d’en haut, et vous me permettrez de mettre à votre disposition tout ce qui est nécessaire.

Madame Dax, fort choquée de cette perspective d’une chemise étrangère sur ses épaules, ouvrait la bouche pour refuser net. Mais Bernard toussa juste à point.

— Que disais-je ! appuya madame Terrien. – Voilà un enfant qui s’enrhume. Vite, vite, montons tous !

On se retrouva l’heure d’après dans le salon où, six semaines plus tôt, madame et mademoiselle Dax avaient fait la connaissance de leur hôtesse. Madame Dax s’enveloppait d’une robe d’intérieur que lui avait choisie madame Terrien, – robe flottante au naturel, mais qui pourtant se tendait sans grâce sur les hanches massives de sa locataire, deux fois trop grosse et deux fois trop courte. Mademoiselle Dax, drapée d’une matinée couleur de citron, offerte par mademoiselle