À l’orgue, Gilbert Terrien cambra son buste et élargit ses bras d’un geste ample. Sur ce tabouret qui était son trône et son piédestal, sa difformité s’effaçait comme par magie, et il apparaissait grand et presque beau.
Du seuil, mademoiselle Dax vit le musicien en face de sa partition tel un duelliste en face de son adversaire. Carmen de Retz, debout à côté de lui, faisait figure de second. Fougères assis les regardait.
Des sons montèrent dans le silence.
Un chant rustique naquit très pur, et une symphonie simple se déploya à l’entour. L’orgue, à grands traits sobres, évoqua des sites agrestes et des scènes pastorales. Du vent aéra des forêts. Des troupeaux marchèrent parmi des plaines. Sur des horizons montueux, des cèdres noirs frangèrent la pourpre du couchant. Indéfini, le paysage déroula ses lignes cadencées. Un souffle de Bible planait.
Tout à coup, une phrase mystérieuse se détacha, grêle et incisive, et tortueuse comme un serpent. Des notes aiguës la dessinèrent, la ciselèrent à demi, pour l’abandonner aussitôt en hâte, et se confondre comme peureusement dans la symphonie rustique prolongée et renforcée. En même temps, un grondement profond