Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/133

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sans beaucoup lui plaire. C’était encore plus incompréhensible que les machines classiques, et il n’y avait pas du tout de jolis airs…

Par politesse, elle déclara tout de même que c’était très beau. Mais Gilbert Terrien, dédaigneux des trois éloges, haussa les épaules avec amertume : lui n’était pas satisfait ; son rêve à lui planait encore bien plus haut que l’œuvre accomplie ; et ce rêve aux ailes d’aigle, il désespérait de l’atteindre jamais.

Il descendit du tabouret. À terre il redevint petit, boiteux, difforme. Il s’assit et ne parla pas.

Fougères cependant apportait la table à thé, et y installait un couvert de dînette. Mademoiselle de Retz, bravant l’orage encore tonnant, ouvrit une fenêtre.

— Il ne pleut presque plus, – dit-elle, – voici de la lune.

Mademoiselle Dax alla regarder.

— C’est bien joli, – admira-t-elle, – ces nuages tout nacrés, et ces grands sapins noirs.

— Il manque, – affirma Fougères, – un lac, une barque, un manoir, un fantôme et l’Elvire de Lamartine… « Ô temps, suspends ton vol ! !… »

Mademoiselle Dax le gronda :

— Vous vous moquez de tout, toujours.

— Oui. Mais parce que telle est la livrée de ce siècle. Je dis des choses ironiques ; et je n’en pense pas le premier mot. Dans mon pardedans, je suis un enthousiaste. Vous l’avez remarqué, j’imagine ?

Les deux jeunes filles, accoudées à la large fenêtre, laissaient entre elles une troisième place. Il hésita une