Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/149

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M. Dax, pensif, écrasa dans son cendrier le bout de son cigare. Sans lui donner le temps d’une réplique, M. Barrier redoubla d’un second argument, décisif :

— Sans compter qu’il vous sera beaucoup plus facile en octobre qu’en novembre, de déplacer des capitaux.

M. Dax leva les yeux sur son futur gendre, d’un air d’incompréhension absolue.

— Des capitaux ? quels capitaux ?

M. Barrier, jovial, tapa son genou.

— La dot, papa ! les quatre cents billets de mille que vous étalerez sur cette table-là, le soir du contrat.

Les sourcils de M. Dax remontèrent en accent circonflexe, jusqu’à mi-chemin de ses cheveux gris.

— Des billets de banque ?

— Oh ! si vous préférez un chèque…

— Vous voulez dire une reconnaissance ?… Je vous reconnaîtrai une commandite de quatre cent mille francs dans ma maison, desquels quatre cent mille francs je vous servirai l’intérêt à 5 %, payable par trimestres… Je n’ai pas à déplacer de capitaux pour cela…

Ce fut au tour du docteur Barrier de marquer une stupéfaction extrême :

— Une commandite ? Quelle commandite ? Quand avons-nous jamais parlé de commandite, vous et moi ? Vous m’avez déclaré, le 30 mai dernier, veille de notre dîner de fiançailles, que mademoiselle Alice avait quatre cent mille francs de dot. Quatre cent mille francs, c’est un capital de quatre cent mille francs ; ça n’a jamais été une rente de vingt mille. Vous avez